mercredi 14 janvier 2009

Partir


Sous les grands rideaux blancs ornés de cruauté
Nous perdons lentement nos visages de plâtre

Aragon, « Le ciel brûle »

Tous ces endroits que je ne connais pas m’attirent
Ces lieux qui ne sont pas remplis de souvenirs
Où on peut à chaque fois tout recommencer
Sans repenser encore et encore au passé

Dans le bus j’aime regarder les inconnus
Imaginer leurs doutes et leurs espoirs perdus
Ce qu’ils ont enduré et ce qui les attend
Réinventer ce qui entoure leur présent

Ces moments neufs me font revivre ma naissance
Je retrouve mon enfance mon innocence
Je vole parfois quelques phrases dans les livres
Du voyageur d’à côté encore un peu ivre

Il y a des endroits où tout semble possible
Où je ressens la sensation d’être invisible
Des maisons où rien ne vient troubler mon sommeil
Des jardins où tous les jours brille le soleil

Et comment peut-on mourir sans même connaître
Les trottoirs les maisons les portes les fenêtres
Sans avoir goûté ni la moitié des liqueurs
Moi je veux m’enivrer de toutes les couleurs

Partir, ne laissons pas nos rêves s’endormir
Découvrir le désir le plaisir le délire
Arracher tous les masques et retirer le mien
Reconstruire là où il ne reste plus rien

Pourquoi on débranche pas nos télévisions
Pour découvrir enfin de nouveaux horizons
Laissez-moi pendant des heures regarder la mer
J’en peux plus j’en ai marre de toutes vos guerres

Vous aimez mentir vous ne pouvez plus rêver
Vous n’avez plus l’âge de lancer des pavés
On aperçoit peu à peu le bout du chemin
Et le mot hier remplace le mot demain

Tous ces endroits que je ne connais pas m’attirent
Ces lieux qui ne sont pas remplis de souvenirs
Je vais mettre le feu à toutes ces barrières
Qui nous empêchent de découvrir l’univers

2 commentaires:

  1. Frida Eléa Pimounette10 mars 2011 à 17:02

    J'aime beaucoup ce poème.
    Il monte en puissance, en tout cas ça ma fait cet effet.
    C'est très beau, parce que c'est vrai.

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